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  • Photo du rédacteurDelphine Lugol

MALADIE CHRONIQUE: INTERET DE L'HOMEOPATHIE UNICISTE

Dernière mise à jour : 30 juil. 2020


ARTICLE ECRIT POUR LE BLOG DE MON CONFRERE https://arnaudveto7.blogspot.com/2009/12/demarrage-du-blog-veterinaire-arnaud.html

LA NOTION DE MALADIE CHRONIQUE: Elle n'est pas tout à fait la même en homéopathie qu'en allopathie. Pour l'allopathe, c'est une affection qui évolue sur le long terme. L'approche homéopathique s'avère intellectuellement déroutante au départ puis extrêmement intéressante: elle postule qu'en dehors des épisodes aigus vrais (comme les accidents), le patient ne présente qu'une seule maladie, que ce soit dans le temps de sa vie ou dans l'espace de son corps. Elle englobe la totalité de ses problèmes chroniques physiques et psychiques; on la nomme sa maladie endogène. Chacun a la sienne, et elle résulte de sa façon plus ou moins réussie de s'adapter au monde extérieur. Prenons l'exemple de Ficelle, griffon de ma connaissance. Sa maladie endogène englobe: -ses douleurs articulaires au bord de la mer -ses abcès interdigités l'hiver -ses cauchemars en début de nuit -ses hululements lorsque sa maîtresse joue de la clarinette, etc... Certains symptômes (ou la façon dont ils s'expriment) sont différents d'un individu à l'autre, et intéressent davantage l'homéopathe que les symptômes pathognomoniques de la maladie (= habituels). -Illustration sur un cas aigu (c'est plus simple): deux chiots de la même portée atteints de gastroentérite à parvovirus. En plus des symptômes digestifs pathognomoniques, l'un présentera une agitation, une soif intense et des gémissements, tandis que l'autre restera apathique, abattu et ne boira pas. Ils recevront deux remèdes totalement différents. -Illustration sur une insomnie chronique chez un humain: si elle est accompagnée de palpitations et d'excitation mentale on peut la traiter avec Coffea cruda, le café, celui-là même qui à doses pondérales provoque ces symptômes; pour une insomnie sans palpitations et avec somnolence, il faudra trouver un autre remède... Vous trouverez une illustration de cas chronique vétérinaire de ma patientèle, plus étayée, en fin d'article.

QUE SIGNIFIE HOMEOPATHIE "UNICISTE"? Le traitement en unicisme s'appuie sur le choix d'un seul remède. Une et une seule substance naturelle va pouvoir couvrir l'éventail de tous les symptômes qu'exprime le malade, de la tête aux pieds (ou à la queue!): c'est elle que l'homéopathe uniciste doit découvrir. Dans le cas de la maladie endogène de l'individu, il va falloir repérer les symptômes les plus fiables ET les plus singuliers, individualisés, sur la totalité de son corps/ mental sur toute sa vie. D'où l'importance de la participation active du patient (ou de son maître en cas véto, de ses parent en pédiatrie etc...) Le principe de similitude exige une étude très poussée de la matière médicale de chaque substance et une ou plusieurs consultations minutieuses afin de découvrir la singularité du malade et de la comparer à celle du remède. Plus la similitude est complète, plus le retour de la force vitale sera flagrant, complet et durable. Quand au bout de l'enquête le remède adéquat est administré, l'équilibre général revient (ou du moins un certain équilibre en cas de lésions organiques irréversibles). La santé, le bien-être du patient sont restaurés peu à peu, ou du moins sensiblement améliorés. La même substance naturelle, si elle est bien choisie, diluée et dynamisée, pourra à elle seule améliorer le patient durant toute sa vie, au niveau fonctionnel, organique et émotionnel: c'est son allié dans la nature! On a vu donc que l'uniciste prescrit un seul remède contre les différents problèmes de l'individu. De plus, comme les hautes dilutions, très subtiles, agissent en profondeur et longtemps, on donne pour les cas chroniques le remède une seule fois pour plusieurs semaines. L'observance (= fait de se conformer à ce qui est prescrit sur l'ordonnance, notamment en terme de fréquence de prise, afin que le médicament soit efficace) en est grandement facilitée!

Pour illustrer la subtilité de l'unicisme voici l'histoire de

"GUSTAVE LE FOOTBALLEUR". Gustave, 8 ans, est un yorkshire de ma patientèle. Ceci est un compte rendu très simplifié de ma visite à domicile, avec consultation et entretien d'une heure. Lorsque j’arrive chez lui, Gus est déjà derrière la porte, balle rouge sous l'antérieur droit, aboyant autoritairement pour me faire la passe. Autour de lui son "équipe": une maman, ses deux filles étudiantes (dont la préférée de Gus, partie à Paris depuis 2 ans), deux autres petits chiens plus âgés, et un chat. Le motif de consultation: Gus est épileptique. Malgré son traitement en phytothérapie il fait toujours à peu près une crise par mois. Exploration biochimique et imagerie médicale normales. Description des crises: il penche la tête en arrière, sursaute, puis se bloque et se raidit pendant deux à trois minutes; il ne perd pas connaissance. Très effrayé il regarde autour de lui, "cherche le regard". Les antécédents pathologiques: -Il a eu subit deux cystotomies pour lithiases urinaires (chirurgie abdominale avec ouverture de la vessie pour retirer des calculs). -Il tousse parfois d'une toux petite toux sèche. Le mental: Gus aime jouer, surtout à la balle et retrouve absolument toutes les balles qu’on cache, même des mois après. Il n’aime pas qu’on s’occupe d’un autre que lui. Il lèche beaucoup: plaies, larmes, yeux, urine+++, pieds. Il donne des ordres, aboie pour qu’on lui ouvre la porte, pour qu’on joue avec lui, pour qu'on arrête de s'occuper des autres. Il racle un peu du nez quand on ne l’écoute pas. Il a peur des pétards, des feux d’artifice, du véto. "Il a un caractère dominant mais peureux". Il adore la mer, adore se baigner, nage beaucoup mais ne veut pas être lavé ni séché: il grogne en mordant le séchoir. Après avoir mangé, il urine dans sa gamelle.

Depuis ce cas j'ai pris pour habitude de demander aux propriétaires quels surnoms ils donnent à leur animal. Car là ce fut édifiant : -Griezmann (c'est un chien footballeur!), -Doc (il lèche les plaies de toute la famille), -Jalousie: elles n'avaient pas trop insisté sur ce point mais cela me semble dès lors important. Réflexion: D'après ce tableau je pense déjà à un remède, mais je retourne à mon bureau, c'est à dire mon ordinateur, mes cours et mes bouquins. Je m'appuie sur les symptômes suivants, singuliers ET fiables: la jalousie, le caractère dictatorial, la peur pendant les convulsions, l'amélioration au bord de mer et le léchage de l'urine. Et je décide effectivement de donner Hyoscyamus à Gustave. Une dose en 200K, une seule fois. Suivi: Trois semaines après au téléphone : -Pas d’aggravation (souvent une légère aggravation initiale est un bon signe: le remède choisi fait bouger les choses, draine les processus en cours). Mais ça va mieux: -Les épisodes peureux ont diminué en nombre et en intensité. -Il est plus sociable. -Pas de crise épileptique. Je ne donne pas de remède, on attend que la dose ait fini son effet. 25 jours après il refait une petite crise épileptiforme. Toujours aussi dominant, plus sage en balade, plus agréable et moins grognon. Répétition de la dose.

Un mois et demi après: une joie suivie d’une contrariété entrainent à nouveau une légère crise. Je donne Hyscyamus en 1000 K une fois et depuis Gus n’a plus fait aucune crise d'épilpsie! Un an après, les crises d'épilepsie ne sont plus qu'un mauvais souvenir, Gustave n'est plus peureux et son caractère est plus équilibré. Cependant voilà qu'il fabrique à nouveau des calculs vésicaux à répétition. Après 2 nouvelles chirurgies sa maitresse repense à moi et m'appelle. J'aurais aimé intervenir avant, le remède aurait peut-être évité l'urétrostomie d'urgence (abouchement de l'orifice urinaire directement à la paroi abdominale, pour shunter le pénis où les calculs se bloquent lors de la miction à cause de l'étroitesse de l'urètre pénien). Il a de surcroit été réopéré après car l'orifice de stomie n'était pas assez large pour laisser passer les plus gros calculs... Nous arrivons à le remettre sur pied après ces grosses chirurgies et à stopper le processus de production de lithiases avec le remède qui l'a guéri de son épilepsie! Ce qui montre que Hyoscyamus a de grandes chances d'être le remède de fond de notre Gustave, celui de sa "maladie endogène". Il va surement l'aider dans d'autres circonstances de sa vie. En conclusion: chaque cas est unique. Chaque consultation, même un "banal" coryza chronique ou une boiterie amène l'homéopathe uniciste à faire un passionnant travail de fond, une enquête pour connaitre vraiment l'animal qu'il a en face de lui et pouvoir l'aider en profondeur. Depuis que j'ai compris ce qu'était réellement l'homéopathie, ma vision de l'équilibre santé/maladie a complètement changé et ma passion pour le vivant s'est accrue. Je suis une vétérinaire épanouie: la subtilité et l'efficacité de cette médecine est étonnante et m'émerveille encore quotidiennement.


Merci à Gustave d'avoir illustré mon propos!

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